Le témoignage d’aujourd’hui est super important ! On va parler de ce que c’est d’être maman solo dans une société qui considère que c’est forcément négatif. Merci à M, cette formidable personne, maman solo, qui non seulement nous a confié la création de souvenirs de son quotidien, mais est aussi très enthousiaste à l’idée de partager son histoire avec toi et les autres lecteur·ices du blog !
On ne se connaît pas encore ?
Ca c’est nous, dessinés par l’une de nos mariées !
Moi c’est Elvire, et je suis photographe/vidéaste spécialisée dans le mariage depuis plus de 5 ans, aux côtés de mon mari Xavier. Notre passion c’est de raconter des histoires, de mariage mais aussi de familles ! Tu es ici sur notre blog. J’y parle de plein de sujets, et notamment de féminisme et de familles. Mais fin de cette petite parenthèse de présentation, il est temps de te présenter notre témoignage du jour !
Si tu veux en savoir plus sur nous, tu peux te rendre sur la page Notre histoire !
Ah tu es maman solo ? Mais pourquoi ?
Si quelqu’un qui ne fait pas partie de ton cercle social proche mentionne qu’elle est maman solo, un conseil, ne pose pas cette question. M, la maman qui témoigne aujourd’hui sur le blog n’en peut plus de l’entendre, surtout de la part de personnes qu’elle croise pour la première fois et ne reverra jamais. Qu’est-ce que ça peut bien leur faire ? Quelle que soit la situation de la personne à qui cette question est adressée, la réponse relève de la vie privée, ce n’est pas un sujet de small talk comme un autre !
Un peu de contexte malgré tout
On va cependant te donner quand même du contexte, puisqu’on n’est pas en train de croiser M dans la rue. On est là pour lire son témoignage !
Un projet de plusieurs séances
M nous a contactés début 2024 pour un projet de séance photo pour les 1 mois de sa fille. Chose que l’on décline généralement puisque nous ne sommes pas spécialisés en photo de bébé (et pas formés pour manipuler des bébés dans le cadre de séances photos).
Mais sa demande ne concernait pas des portraits de sa fille, mais plutôt des souvenirs de leur quotidien à deux. Et raconter le quotidien, c’est définitivement dans nos cordes.
D’autant plus qu’M avait aussi envie de partager son expérience de la parentalité solo, et que j’adore avoir l’opportunité de mettre en lumière des profils qui ne se sentent pas suffisamment représentés, ou souffrent de préjugés.
Nous voilà donc partis pour un projet long terme, d’au moins 3 séances de 4 heures chacune. Une première séance pour les 1 mois, une seconde pour les 6 mois, et enfin une dernière pour les 1 ans (qui sera peut-être un reportage évènementiel si baptême ou fête d’anniversaire il y a). C’est pendant une sieste de C pendant cette première séance que M nous livre leur histoire, avec le projet d’en faire un article sur ce blog.
Quand le projet bébé débute à deux et se termine seule
M et son ex avaient déjà parlé de faire un enfant, mais comme beaucoup de couples, ils avaient sur-estimé le temps que ça mettrait à se concrétiser. Lorsque M a annoncé à son ex que le test de grossesse était positif, sa réaction a dans un premier temps été positive et enthousiaste. Mais après quelques jours il est devenu distant et désagréable. Et au bout de deux semaines, il a fait ses valises et a annoncé qu’il partait, et qu’il ne reviendrait pas. Il n’est pas revenu, et elle n’a pas cherché à le pousser à le faire. C’est un adulte, il prend ses décisions.
Ah tu es maman solo ? Ma pauvre…
Là encore, tu peux retirer cette phrase de ton vocabulaire. Pourquoi partir du principe qu’être maman solo est la pire chose qui soit ? Pour M en tous cas, c’est très loin d’être le cas ! L’alternative, c’était quoi ? Que sa fille ait un papa qui se force à être là sans en avoir vraiment envie ? Ou un papa qui se tire après sa naissance ? Alors qu’elle pouvait avoir une vie stable et sereine avec une maman qui avait pleinement envie de vivre cette aventure avec elle ? Sans oublier que la parentalité et le couple sont deux choses différentes. Les familles monoparentales existent, et c’est parfois pleinement un choix. Un projet de parentalité qui se construit solo du début à la fin. Quelle violence que de recevoir constamment de la pitié et de la compassion quand on est en train de vivre son rêve !
Etre maman solo, c’est aussi du positif !
Parce que oui, bien sûr être parent solo c’est un challenge, mais il y a aussi des bons côtés, auxquels on ne pense pas ! C’est simplement un modèle de famille différent de la norme. Qui existe en réalité depuis longtemps. Et les personnes issues de familles monoparentales ne sont pas plus malheureuses que les autres !
Je vais pas me bagarrer pour dire « on va éduquer comme ça, comme ci ». Il y a énormément de parents en conflit parce qu’ils ne sont pas d’accord. Ils n’ont pas les mêmes bases d’éducation. Je n’ai pas tous ces soucis-là. Il n’y a personne qui me prend la tête. Je préfère qu’il soit parti à un mois de grossesse et qu’au moins moi j’apporte la stabilité que j’imagine, mon éducation et mon univers, plutôt que de devoir gérer un père qui est là parce qu’il est obligé. Je lui offre une vie authentique, une stabilité. Parce que je l’ai attendue.
Si M s’est éloignée de quelques « amies » qui ont eu une réaction très dure lorsqu’elle leur a annoncé le départ de son ex et sa grossesse, elle a aussi été très bien entourée par sa famille et d’autres personnes de son cercle social.
Et si il revient ?
Il a pris sa décision. Et bizarrement je n’ai aucun problème avec ça. Je n’ai pas de colère. Je ne veux pas vraiment qu’il revienne dans sa vie. Parce que je veux quand même rester décisionnaire pour C. Là les biberons, les nuits, c’est moi qui fais tout. Je ne veux pas que lui il débarque dans 6 mois comme une fleur en disant « je suis son père, je suis le sauveur ». Non en fait, c’est pas comme ça que ça marche. Je ne veux pas qu’il vienne dans sa vie par curiosité, qu’elle s’habitue à une présence paternelle et qu’au bout de 6 mois il redisparaisse. Ca c’est hors de question. Si il fait un pas c’est un vrai pas. Il faudra qu’il prouve que oui il veut reprendre sa place. A moi, à C, mais aussi aux yeux de la justice.
Jusqu’à quand un père peut-il reconnaître l’enfant ?
Pour pouvoir bénéficier d’une petite aide financière, M a dû rencontrer une assistante sociale, qui lui a expliqué que si l’enfant n’est pas reconnu avant ses 1 ans, la démarche pour la reconnaissance est complexifiée. Il faut passer devant un juge des enfants, ce n’est pas un simple passage en mairie comme une reconnaissance lors de la naissance. Et avant les 1 an ? La démarche est moins complexe, mais reste plus complexe qu’une simple déclaration lors de la naissance. Il devra expliquer notamment les raisons derrière ce délai à la reconnaissance.
J’avais à l’origine prévu de retarder la publication de cet article afin de ne pas risquer qu’il sorte du déni en tombant dessus et que cela complexifie les choses pour M et C. Mais lorsque nous les avons revues lors de la séance des 6 mois, j’ai eu le feu vert pour la publication. Ils se sont revus et sont d’accord sur le fait qu’il ne reviendra pas dans leur vie. La sortie de ce témoignage ne risque donc pas de le sortir du déni et de compliquer les choses pour M et sa fille. J’ai tout de même fait le choix de photos semi-anonymisées, au cas où cet article ai le succès que ce témoignage mérite. Mais tu verras peut-être d’autres photos de cette séance passer dans d’autres contextes !